À propos de

J’aime la photo, mais je ne sais pas en faire. Je touche un peu à tout : prof de maths de niveau médiocre, musicienne inhibée sans créativité, dessinatrice maladroite sans connaissance ni expérience, mère de trois enfants sans doute pas mauvaise, mais pas non plus exceptionnelle. Quel pourrait être mon point fort, ma passion, ma différence, mon rêve poursuivi depuis l’enfance, ma vocation ? Peut-être rien. Peut-être écrire.

Alors j’écris de la photo : un instantané d’une page sur un événement du quotidien, sur une anecdote familiale, sur une impression en classe, sur un paysage urbain.

J’envisage ce blog comme un kaléidoscope de textes.

Merci à vous d’être ici.

A.H.

Mon portrait devant l’hôpital Beaujon (92), réalisé par le peintre Olivier Terral

https://www.olivierterral.com/

Pourquoi un Blog ? (31 mai 2018 – 31 mai 2019)

Publié le 31 mai 2019 pour le premier anniversaire de mon premier blog.

Un blog ? Quelle drôle d’idée. C’est jeune un blog. C’est narcissique un blog. C’est superficiel un blog.

Alors dans ma quarantième année, totalement réfractaire à l’informatique et aux réseaux sociaux, incompétente malgré ce que pense le ministère de l’Éducation Nationale qui veut que tous les profs de maths enseignent la programmation et les nouvelles technologies, j’avais accepté de m’enfoncer dans une fâcherie générationnelle contre tout type de déballage individualiste connecté « genre » ma vie, mon génie, mon cul.

Vieille boudeuse sans barbe, je fustigeais le voyeurisme et la vanité de la toile, sorte de fenêtre sans rideau, ouverte sur la nuit, devant laquelle des naïfs nombrilistes s’exposent nus après avoir allumé toutes les lumières.

Et puis un ami pour mes quarante ans m’a offert un livre, un livre bien étrange pour ma bibliothèque essentiellement constituée alors de classiques français. Elle se diversifie depuis. C’était le roman tout récent d’une romancière nigériane fêtant comme moi ses quarante ans : Americanah de Chimamanda Ngozi Adichie.

Ce roman s’est trouvé être tout ce que je rêverais d’écrire, à l’opposé des « posts »* superficiels des blogs de mon imaginaire. Un pavé bien écrit, des tranches de vies, profond sans emphase, sensuel sans crudité, ironique sans cruauté, observateur. N’aurais-je pas rêvé d’être aussi créative à quarante ans que Chimamanda Ngozi Adichie ? Sans doute, mais ce livre, par son enthousiasme et sa vie, n’est pas de ceux qui crée des regrets, de la nostalgie ou des jalousies. Il m’a transmis son enthousiasme et fut ma petite révolution de la quarantaine.

Le personnage principal du livre est une jeune femme nigériane partie étudier aux Etats-Unis. Confrontée au racisme quotidien de la société américaine, tout à coup conscience d’être noire dans ce nouvel environnement, elle ouvre un blog pour y publier ses impressions et croquer en quelques lignes des scènes de sa vie de tous les jours, des conversations, des situations déclenchées par la relation des autres à sa peau noire.

Mais bon sang, mais c’est bien sûr ! Depuis mes quinze ans je rêvais d’écrire tout en me sachant incapable de construire une intrigue, des personnages dignes d’être vrais, un roman. Je voulais écrire comme on prend des photos. Je voulais écrire des images de la rue, des gens vus dans le bus, ma marchande de fruits et légumes, des anecdotes, des scénettes, des rires, des absurdités, des colères. Je voulais écrire un album de textes, comme des clichés volés pris sur le vif. Je voulais me libérer de l’obligation inhibitrice de chercher une intrigue, de faire preuve d’imagination, de créer des personnages plus vivants que les vivants et dont les destins exceptionnels résisteraient au temps. Je voulais du quotidien, et de tous ces gens ordinaires que j’aime croiser sur mon chemin.

Où pouvais-je donc écrire un kaléidoscope de textes avec le rêve, au début encore mal formulé et hésitant, que cette multitude d’images au fil du temps formerait le tableau d’un quartier ? Où laisser un témoignage de l’ordinaire ?

Dans un blog.

Timide, apeurée, j’ai interrogée mon ordinateur : dans quelle partie de ses entrailles ou de ses réseaux fallait-il fouiller pour créer un blog ? Alors c’est un autre ami qui s’est présenté. Il est venu m’aider, et clic clic clic, par lui, le blog d’Albertine est né. Est-ce un hasard, une chance ou un événement sans importance si l’ami cliqueur de blog est un peintre qui professe l’importance des vies ordinaires ? Olivier Terral** réalise des portraits pixellisés, peints avec l’empreinte digitale du pouce de ses modèles, des gens de tous les jours, des voisins, des malades, dont l’image sur le tableau s’accompagne d’une courte interview : quelques mots emblématiques de leur histoire. Un kaléidoscope de fragments condensés d’humanité. Un témoignage.

Ainsi inspiré et parrainé depuis un an, ce blog est devenu ma petite maison dans la toile. J’ai réalisé que je pouvais équiper ma fenêtre ouverte sur la nuit de vitres cathédrales, de miroirs grossissants, de voilages. J’ai compris que moi seule déciderais si l’éclairage serait cru, ou simplement suggestif, s’il illuminerait toute la pièce ou juste un morceau choisi. J’ai espéré que je pourrais parler de maternité, de mon lycée et de mon quartier sans dévoiler d’intimité. J’aimerais qu’un jour apparaisse l’image, multiple mais reconstituée, du voisinage. Un témoignage en forme de bouteille à la mer dont je serais heureuse qu’il puisse vous amuser.

Merci à tous mes visiteurs de cette année.

*post : message publié dans un blog.

**Olivier Terral est un artiste peintre. Son site Empreintes de vie, est accessible à partir du lien sous la photo ci-dessus. Olivier est l’auteur du portrait et de la photo qui illustrent ce texte.